La Tunisie dispose d’une bonne douzaine d’aéroports et d’aérodromes (civils, militaires ou mixtes). Seuls trois ou quatre d’entre eux sont plus ou moins bien exploités. Le reste serait complètement hors circuit. On ne sent aucune volonté de s’atteler à la tâche pour les rendre tous opérationnels ou la plupart d’entre eux grâce à la réactivation et à la relance des vols internes, en plus des vols ordinaires en direction de toutes les destinations.
Lorsqu’on évoque la question du transport aérien, on ne peut s’empêcher de penser au secteur du transport dans son ensemble. Et là, force est de constater l’état déplorable dans lequel il se trouve. Au lieu de s’améliorer, c’est le contraire qui se passe. Le nombre des utilisateurs ne cesse d’augmenter alors que le parc ne cesse de décroître. Dans le transport terrestre, par exemple, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Les opérateurs du transport (Transtu, Sncft) ne sont plus en mesure de répondre à la forte demande.
Un secteur à l’agonie
Des responsables syndicaux ont affirmé, justement, à la veille de la rentrée scolaire que la Transtu serait incapable de mettre à la disposition de ses clients le nombre de bus nécessaire. Actuellement, la société ne peut mobiliser que 355 bus contre… 1.230 en 2010. Pour le métro, il n’y en a pas plus de 27 contre… 120 en 2009 !
La situation empire chaque jour faute d’entretien du matériel roulant et de renouvellement du parc bus et métros. De nombreuses promesses ont été faites par les responsables qui sont passés à la tête du ministère concernant l’acquisition de plusieurs centaines de nouveaux bus, mais rien de concret n’a été enregistré jusqu’ici. Dans ce ministère, tout est sur le papier mais rien de palpable après.
C’est alors qu’on se demande s’il y a, encore, des décideurs capables de faire sortir ce secteur vital de l’impasse et de lui redonner ses lettres de noblesse. Y a-t-il un espoir de voir un jour se réaliser les grands projets du RFR (projet initié depuis près de 20 ans), du métro de Sfax, l’achèvement de la ligne 6 du métro d’El Mourouj (dont l’extension était prévue pour 2017), du port en eaux profondes d’Enfidha… ?
En dépit des nombreuses déclarations officielles et des assurances qui les avaient accompagnées, il y a peu de chance qu’on y accorde une quelconque crédibilité.
A vrai dire, le secteur du transport souffre d’une très grande instabilité depuis une bonne décennie. Un vrai travail de sape a été entrepris au cours de cette période et des enjeux politico-politiques ont compliqué la tâche des vrais responsables.
C’est sur cette catégorie de personnes que l’on doit compter, aujourd’hui, si on veut vraiment développer un secteur malade, voire au bord de l’agonie.
Un volet sur lequel on peut axer les efforts (en plus des autres secteurs terrestres, ferroviaires), il y a lieu de s’intéresser à l’importante infrastructure aéroportuaire dont nous disposons. Certes, notre flotte n’est pas aussi importante pour couvrir un tel réseau d’aéroports, mais, il faudrait accompagner ces efforts d’une stratégie de relance de ce patrimoine inestimable.
Tout le monde sait que l’aéroport international de Tunis-Carthage reste le plus important. La compagnie tunisienne Tunisair possède une trentaine d’avions (16 airbus A320, 4 airbus A319, 7 Boeing B737-300 et 2 Airbus A330). Ces aéronefs portent des noms de personnalités ou de lieux prestigieux comme Ibn Khaldoun, Abou el Kacem Chebbi, Jugurtha, Hannibal, Alyssa, Sidi Bou Said, Tozeur, etc. D’autres compagnies exploitent l’espace aérien tunisien et disposent de leurs flottes. Ils assurent, entre autres, des dessertes aériennes internes.
Le réseau régulier de Tunisair se répartit sur plus de 44 villes dans le monde et, principalement, en direction de l’Europe, couvrant, ainsi, 27 villes dans 13 pays. En Afrique, 8 villes dans 10 pays sont également desservies. Un engouement très particulier est en train de se manifester pour cette destination à tel point que les deux nouvelles lignes Bamako et Abidjan sont considérées comme une réussite totale. En effet, la région a acquis, ces dernières années, une réputation croissante de bonne destination économique.
Encourager la demande interne
S’agissant des activités internes dans les aéroports existants, il faudrait entreprendre un gros travail pour mettre à contribution le plus grand nombre d’entre eux. Le filon des passagers tunisiens est à exploiter à fond. Car nous constatons qu’un grand nombre de nos concitoyens penche, de plus en plus, vers le mode de transport aérien, pour voyager à l’intérieur du territoire. Les prix sont, relativement, attractifs et les avantages sont plus nombreux par rapport au transport terrestre ou par voie ferroviaire.
Il est important d’encourager la demande en ce sens en adoptant une politique plus résolue visant à encourager ce mode. Des investissements dans ce transport seront vite amortis moyennant des études en bonne et due forme de la part des responsables. Il n’y a rien à perdre mais tout à gagner.
On sait qu’il y a des hommes d’affaires, de simples citoyens, des conférenciers, des journalistes, etc., qui veulent se déplacer vers les régions de l’intérieur pour une raison ou une autre. Ils sont découragés, en cela, par le temps du parcours et l’inconfort des moyens de transport terrestre. N’oublions pas nos compatriotes qui reviennent de l’étranger pour passer leurs vacances. Après plusieurs heures de vol ou de traversée de la Méditerranée, ils sont obligés de rejoindre leurs villes à l’intérieur du pays à bord de voitures. Ils font, alors, des centaines de kilomètres de l’aéroport de Tunis-Carthage ou du port de La Goulette.
C’est un calvaire. En mettant à leur disposition des vols intérieurs, ils auront une nouvelle option et ils pourront, s’organiser en conséquence. D’un coup, ils pourront gagner du temps et dynamiser le secteur des vols à l’intérieur du territoire, la vie économique, culturelle et touristique.
Le point positif c’est que la répartition géographique de ces différents aéroports couvre le Nord, comme le Sud ou l’Est et l’Ouest.
Nous avons, d’abord, Tunis-Carthage avec ses 6.200.000 de passagers. Il y a, en outre, l’aéroport international Skanès-Monastir et l’aéroport international Enfidha-Hammamet avec près de 1.5 million de passagers suivis de l’aéroport international de Djerba-Zarzis avec plus de 1.3 million de voyageurs.
Il y a, par ailleurs, les aéroports de Tozeur-Nefta, de Gafsa-Ksar, de Sfax-Thyna, de Gabès-Matmata, de Tabarka, d’El Borma (en plein désert), etc.
Tous ces aéroports mériteraient d’être introduits dans le circuit des dessertes intérieures des villes tunisiennes. De simples vols hebdomadaires limités ne sont plus de nature à développer un mode de déplacement devenu indispensable. Aujourd’hui, les exigences économiques ont changé et changent constamment. Il faudrait les accompagner d’une nouvelle vision en matière de transport et notamment le transport aérien. Le Tunisien est prêt à franchir le pas si tant est qu’il trouve les incitations nécessaires et les moyens de transport au rendez-vous. L’expérience est à oser sans plus attendre.
Espérons que nos propos ne tomberont pas dans l’oreille d’un sourd, comme cela a souvent été le cas.